Bakchich hebdo : un site web dans les kiosques!

Trois ans après la création du site web, Bakchich.info se lance à l’assaut du support papier. Sorti le 23 septembre dernier, au prix de 1, 80 euro, Bakchich hebdo est un véritable défi pour l’univers médiatique. C’est la première fois en France qu’une rédaction du web décline son info en une version papier hebdomadaire.

Ça y est, c’est fait, Bakchich hebdo est sorti ! La rédaction du journal et du site web fait figure de pionnier en la matière. Pour la première fois, un site d’information décide de compléter sa version web d’une version papier. Le public trouvera désormais ‘le mauvais esprit’ et le journalisme satirique, revendiqué par la rédaction, tous les mercredis en kiosque. Mais, qu’apportera de plus l’hebdomadaire ?
Tout d’abord, Bakchich hebdo offre au public une série d’enquête et d’informations sur l’actualité politique, ce que la rédaction a qualifié de ‘filouteries’. Puis, l’autre partie du journal, se consacre à d’autres domaines tels que le sport, la musique, la culture (‘Le caddie de la semaine‘) ou encore la consommation (‘Au bazar de la conso’), le tout publié en vingt pages. Il n’est pas question de retranscrire sur le papier les articles du site d’information, mais de faire sa place dans la presse écrite « en traitant des faits différemment » insiste Nicolas Beau, directeur de la rédaction. D’ailleurs, Vendredi.info prête mains fortes à Bakchich en réalisant un dossier de quatre page sur l’actu de Net, intitulé ‘Bab el Web’. Moyen d’enrichir la production de l’hebdo. Bakchich hebdo sera donc plus ouvert, plus complet et plus pointu. Seul le ton du web sera conservé.

Or, le danger est grand. Alors que la presse écrite se porte mal, créer un hebdomadaire décliné du web reste un véritable défi !

« Tout le monde prédit la mort du papier, donc on y va ! »

Nicolas Beau le sait : le défi est de taille. A l’heure où on annonce la fin du support papier, causé par les gratuits, Internet et la baisse du lectorat, l’initiative de Bakchich est risquée. Le directeur de la rédaction espère vendre 25 000 exemplaires chaque semaine, voire même atteindre 30 000, pour 100 000 exemplaires distribués en kiosque. Cet enjeu est vital pour l’avenir de Bakchich. En effet, la rédaction n’a jamais réussi à stabiliser son budget tiré du net, si bien que le site est déficitaire. Les recettes publicitaires ont diminué tandis que les abonnements ne rapportent pas suffisamment. L’entrée d’argent s’élèverait à 20 000 euro chaque mois, alors que le site en a besoin de 50 000 selon la rédaction. La création de l’hebdomadaire est une solution qui vise à éviter le dépôt de bilan. La conjugaison des deux supports permettrait de stabiliser les recettes et donc de survivre. La question lancée par Bakchich reste ouverte : ‘l’écrit sauvera t-il l’écran ?’. L’équipe reste optimiste car sa première ambition est de se « faire davantage connaître et de rentrer de l’argent frais », déclare Nicolas Beau. En effet, ajoute t-il, « les lecteurs allant en même temps sur internet et dans les kiosques constituent une minorité », ce qui implique que l’hebdomadaire touchera un nouveau lectorat.
Or, Bakchich hebdo arrive sur un terrain déjà conquis. Dans les kiosques, la presse satirique ne manque pas : le Canard Enchaîné, Charlie hebdo et Siné Hebdo se partagent les lecteurs. Xavier Monnier, directeur de la publication, ne semble pas effrayé : « A la différence de Charlie Hebdo et de Siné Hebdo, nous nous focalisons sur l’enquête avec un ton qui nous est propre. Et nous avons un lectorat beaucoup plus jeune que le Canard ». De plus, à la grande différence de ses concurrents, Bakchich cherche à innover en créant un nouveau modèle médiatique : la complémentarité web/presse écrite.

La complémentarité des deux supports

Si le défi est risqué, l’initiative lancée par Bakchich reste prometteur. Alors que les journalistes et les spécialistes craignent que le web supplante la presse papier, la complémentarité des deux supports pourrait devenir une solution alternative. La rédaction l’évoque : le souci d’apporter une complémentarité entre le support papier et le web est prégnant. Une nouvelle gymnastique est à acquérir, car l’idée est belle et bien que le site ne soit pas uniquement un compagnon de la version papier mais qu’une véritable interdépendance entre les deux se créée. Nicolas Beau explique : « Il faut savoir articuler l’actualité d’un support sur l’autre. […] Sur le net, la démarche est plus ludique, dans les kiosques, l’info doit être plus pointue. Nous allons développer la vidéo sur le site. Des questions comme celle de la complémentarité des deux supports restent ouvertes. Nous n’avons pas la vérité révélée ».


Pour ceux qui ne connaissent pas :

L’aventure de Bakchich.info a commencé en 2006 autour de trois journalistes indépendants de 24 ans. Sans gros investisseur, leur site d’information a percé par le ton satirique de leurs articles et l’information atypique développée, à l’instar du Canard Enchaîné. Avec comme slogan : « Informations, enquêtes et mauvais esprit », le site acquiert rapidement en notoriété : abonnements et recettes publicitaires contribuent à l’évolution du projet. Le 23 septembre dernier, l’hebo papier sort dans les kiosques.

Vendredi est un journal hebdomadaire sorti en octobre 2008. Crée par des journalistes professionnels, issus de Courrier International, l’idée de la rédaction est de mettre sur papier l’actualité vue de la toile. L’essentiel du journal est composé de blogs qui donnent un regard neuf et plus incisif sur l’information. Aujourd’hui, vous pouvez retrouver la sélection des meilleures infos du net sur le site : Vendredi.info.

1 commentaire:

  1. Ton article nous pousse vers les kiosque demain...Il faut effectivement soutenir ce genre d'intiative et de défi; tant qu'il existera des personnes capable de prendre de tels risques, la presse papier restera en vie. Bravo d'y contribuer assez clairement à mon goût

    RépondreSupprimer