Deux ans après l'interdiction de fumer : le casse tête des fumoirs

Alors que le décret du 15 novembre 2006 donne la possibilité aux établissements d'installer des pièces exclusivement réservées aux fumeurs, la faible proportion des fumoirs dans les bars et les restaurants montre que la legislation en vigueur est à revoir.

« Le fumoir est la réponse appropriée à l'interdiction de fumer » lance Frank Requena, directeur de la publication du site Smok'in. Respectant à la fois les fumeurs et les non fumeurs, le fumoir est un espace dans un établissement où chacun peut se rendre, dans le seul but de consommer du tabac. Ce lieu, prévu dans le cadre de la loi, constitue une solution à la situation des fumeurs, qui sinon sont contraints de sortir. Or, le site Smok'in, qui repertorie les enseignes avec fumoirs, ne liste que cinq bars et restaurants lyonnais dôtés d'un tel dispositif. Un phénomène largement minoritaire que Lyon ne fait qu'illustrer. D'après une étude réalisé en 2008 par l'association des droits des non fumeurs, seulement 12% des établissements ont déclaré avoir un espace fumeurs, dont 92% révèle que cet espace est la terrasse. Le coût n'en est pas l'unique raison. Le gérant du bar Tsar et du restaurant Quai Quartz, situé place des Cordeliers, explique « que le coût de l'installation du fumoir dans son bar s'est élevé à 7 000 euros, mais que le problème de la superficie est d'autant plus problématique. Je n'ai pas pu garder celui de mon restaurant à cause de son manque de place. Installer un fumoir est une perte commercialement parlant ». De son côté, le patron du Gotha confirme « qu'il s'agit essentiellement d'un problème de superficie puisque la loi indique qu'un fumoir doit représenter 20% de l'espace d'un établissement ». En effet, les deux interrogés racontent que leurs établissements sont récents. Ils ont la chance d'avoir pu intégrer l'installation d'un fumoir dans leurs travaux d'aménagement, dans un souci de confort pour tous. « La plupart de mes confrères ont des petits bars et ne peuvent en aucun cas insérer un tel dispositif. Quelles solutions ont-il alors? Laisser les fumeurs sortir, ce qui engendre des problèmes de voisinage! Ou alors faire des cages à poules où la fumée stagne » ajoute le gérant du Tsar. Les contraintes prévues par le décret de 2006 engendrent des effets pervers : l'aspect technique et l'entretien des fumoirs sont autant de freins à leur mise en place. Par conséquent, les nuisances augmentent, ce qui poussent d'autres à contourner la loi en faisant de leurs terrasses un espace couvert pour fumeurs.


Autant de contradictions qui révèlent une loi imparfaite. Pourquoi ne pas favoriser l'installation de fumoirs ? Sans d'autres recours, les problèmes liés au decret de 2006 ne cesseront pas.

Pour la planète, éteignons les lumières publicitaires de la ville !

Alors que le sommet de Copenhague est ouvert, les Déboulonneurs de Lyon ont profité de la fête des Lumières pour rappeler l’urgence du dérèglement climatique. Le 8 décembre dans le quartier de la Guillotière, ces militants se sont attaqués à l’affichage publicitaire par une action de bâchage, ce qui a attiré de nombreux passants. Leur revendication est simple : une réglementation plus stricte et plus respectueuse de l’environnement pour les publicités en ville.




Fondé fin 2006 sur Lyon, les Déboulonneurs luttent contre la publicité dans l’espace public à laquelle nous ne pouvons échapper (www.deboulonneurs.org). Le 8 décembre 2009, le collectif a encore frappé puisqu’un panneau J-C Decaux de 8 m2 a été recouvert d’une bâche noire, sur laquelle figurait le slogan : « pub = pollution ». Visible et perturbateur, leur action ne pouvait qu'attirer l'attention. « Le principe est simple : il s’agit d’attirer l’œil. En recouvrant les publicités d’une bâche, les citadins prennent conscience qu’un panneau de la sorte n’est pas naturel dans l’espace public, à la place il pourrait très bien y avoir une peinture » raconte Paul-Eric, membre du collectif. A l’aide d’un haut parleur, les Déboulonneurs ont interpellé les lyonnais sur le système publicitaire dans son ensemble qui participe, selon eux à la dégradation de l’environnement. En effet, jugé envahissante, la publicité engendre une surconsommation, en incitant les individus à toujours plus consommer. « Beaucoup sous estiment l’impact que la publicité à sur eux. Tout le monde a en tête des slogans de pub. Or, aujourd’hui, le message publicitaire devient encore plus manipulateur, car il nous fait croire que nous pouvons consommer ‘écolo’, et que nous pouvons donc stopper les dégradations climatiques, ce qui est absurde ! Les publicités pour voiture disent clairement ça : avec les nouvelles voitures, moins de pollution » lance Gabriel, membre du collectif. De plus, les militants déplorent les systèmes d’affichages, éclairés, motorisés, avec des animations multiples, qui contribuent à épuiser les ressources énergétiques de la planète.
Pour ces raisons, les Déboulonneurs appartiennent à Lyonpenhague (www.lyonpenague.net), regroupant nombre de collectifs à l’occasion du sommet.

Une action efficace

Animée, l’action des déboulonneurs a attiré plus d’un passant. Même si les avis restent mitigés, l’ambiance du moment a donné un aspect festif à l’action. Alors que certains en colère criaient que « la pollution c’était eux », d’autres prenaient le temps de s’arrêter. Une dame raconte que « le dynamisme de l’action l’a enthousiasmé. Je les ai donc écoutés. Une bonne humeur règne ». Et pourtant, l’investissement des Déboulonneurs ne s’arrête pas là, puisqu’ils tentent de se faire reconnaître en tant qu’interlocuteur légitime. Au niveau local, ils souhaitent participer aux négociations entre publicitaires et mairie, au moment où celle-ci édicte le règlement local de publicité (RLP) (Cf. www.lyon.fr). Par exemple, ils revendiquent un format restreint de l’affichage en ville : 50 sur 70 au lieu de 2 m2, comme l’affichage associatif.
La tâche n’est pas simple, car réglementer de manière plus stricte l’affichage publicitaire en ville reviendrait à remettre en cause le système capitaliste dans son ensemble.