Au tribunal correctionnel de Lyon, les comparutions immédiates reflètent les grands débats de société. Deux des affaires principales ont concerné des actes de délinquance, avec récidive, en posant le problème de l'aide psychologique à accorder aux prévenus. L'avocat chargé de la défense a lancé le débat : 'Le soin doit-il primer sur la sanction?'
Medhi de Vaux en Velin comparaît devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir incendié une Peugeot 205, avec tentative de vol. Agé de 22 ans, le jeune a déjà en casier judiciaire chargé. Par exemple, en 2005, il a obtenu une peine lourde de 3 ans pour violence. Actuellement en sursis, le prévenu doit se présenter continuellement au commissariat et se rendre chez un psychologue. A la question du juge sur les motivations qui l'ont poussé à passer de nouveau à l'acte, le prévenu répond qu'il était énervé. Face aux jurés, il explique qu'il souhaite être interné en psychiatrie car son actuel suivi l'aide à aller mieux. Jugé ultérieurement, il réclame la présence de son avocat personnel. L'affaire suivante concerne un jeune homme de Villefranche sur Saône qui, à la suite d'une séparation douloureuse, a voulu braquer un restaurant pour quitter la ville. Vide, le lieu avait déjà été pillé par d'autres personnes. Pris sur le vif les poches vides, le prévenu, récidiviste, se retrouve à nouveau devant le tribunal. A la différence du premier, le jeune homme est déclaré en incapacité de travailler du fait de ses hospitalisations successives. Avec une santé mentale qui pose problème et une instabilité psychologique attesté par les spécialistes, le prévenu doit-il retourner en prison ?
La question sous jacente à ses deux affaires successives est la même : l'emprisonnement de jeunes dotés de troubles psychologiques les aideront t-ils à comprendre leurs fautes et à aller mieux? Vaut-il mieux la prison à l'aide psychologique et sociale?
Un voyage en prison pour rien ?
Pour le procureur, la réponse est évidente : la détention. « Le discours d'autojustification est pénible » déclare t-il. Il préconise la détention pour Medhi avant que celui ci soit jugé définitivement, alors que pour le second, un an de prison suivi d'une mise à l'épreuve est requis. Quant à elle, la défense clame la clémence. Elle rappelle que le prévenu de Villefranche est sorti de prison en mars 2009 avant d'être directement hospitalisé. « Il est malade car il peut disjoncter à tout moment. Sa normalité n'est qu'apparence » lance t-elle. Les deux prévenus sont décrits comme des malades qu'il faut donc soigner.
Si le débat est récurrent, la réponse n'en est pas plus évidente. Plus de discipline ou de social. Plus d'aide ou de détention. Le choix final du jugement peut être perçu comme politique. Comment aider des jeunes qui nécessitent un suivi psychiatrique, sans moyen adapté ? La réponse semble donc claire : récidiviste, les jeunes retourneront en prison, alors que chacun sait dans la salle que cela ne les aideront en rien lorsqu’ils en sortiront. Un voyage pour rien ? La question est d'autant plus délicate lorsque des victimes attendent calmement le jugement. Le tribunal est doté d'une lourde tâche.
Finalement, Medhi ira en détention avant son procès final le 18 décembre. Le prévenu rencontrera des experts en psychiatrie, afin d'établir un avis objectif. Le jeune homme de Villefranche écopera de huit mois de prison, dont six avec sursis. Il bénéficiera d'un suivi psychologique. L’efficacité des jugements laisse perplexe, dans la mesure où le tribunal préfère un traitement carcéral pour des individus où l'audience révèle qu'une aide médicale serait plus adaptée.
Le cas est loin d’être nouveau et le dilemme loin d’être résolu.